Fils adoptif d’immigrants, Paul Bley est né à Montréal, au Québec, le 10 novembre 1932. Il vient de mourir à Cherry Valley (Etat de New York), le 3 janvier.
En art, Paul Bley, ce serait Paul Klee ; en poésie, Guillaume Apollinaire ; en musique, Mounir Bachir. Excès de joie ? Berlue ? On vient d’entendre, ce 5 janvier, à 19 h 56, le dernier album, Memoirs, donné à écouter par Alex Dutilh (« Open Jazz », France Musique) : Paul Bley (piano), Charlie Haden (contrebasse), Paul Motian (percussions). Année ? 1991. Contrepoint ? La guerre du Golfe. Imaginons ! Dans un monde de brutes, trois anges prévenus se mettent à jouer. Cela donne Memoirs. Douceur. Finesse. Etreinte des silences infinis. Soudain quelque fusée. Des enfants.
En écoutant Memoirs, il ne viendrait à l’idée de personne – même pas d’un baudet du Poitou à la saison des amours – de parler de « free jazz ». Et le Canada ? C’est marrant, quand on y songe. Voici une insaisissable contrée de vertu et de neige, qui se permet d’apporter au « jazz » un peu moins de dix acteurs de premier plan. Moins de dix, mais qui en valent mille : Oscar Peterson (vu ?), Gil Evans (excusez du peu), Paul Bley, tous pianistes hors piano, hors normes, hors jazz. Pile au centre. Ajoutons, histoire d’agacer, Maynard Ferguson et Diana Krall. Cela commence à faire du monde. Ils n’étaient rien, mais, mine de rien, ils auront beaucoup changé. Tel est le jazz.
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